jeudi 30 juillet 2009

acide et vent

Hier, j'ai fait une bêtise.
J'ai acidulé trop fort. Il faut dire que j'avais la tête un peu ailleurs, préoccupé par mon Ibook en panne ; j'ai donc multiplié par deux une quantité de gouttes d'acide nitrique.
Alors je m'attendais au pire lors de l'opération de montage mais il semble que tout se passe bien.
Enfin... on verra au tirage.
Voici trois moulinets, deux de l'URDLA de Lyon et le mien. Un bon lithographe se doit de réaliser lui-même son moulinet.
Le mien est fait d'un morceau de canne à pêche en bambou de mon grand-père, d'un tourillon de bois pour faire des chevilles, d'une chute de carton fort, de deux morceaux de cuir et de visserie. Il marche très bien et sèche à merveille les pierres sans bruit.
Cela muscle le poignet.

Mon moulinet :

ceux de l'URDLA :

dimanche 26 juillet 2009

Sous la mer

J'ai toujours aimé les livres illustrés de gravures. Le souvenir le plus ancien étant lié au dictionnaire Larousse en 2 volumes que mon père avait hérité d'une de ses tantes. Une édition pas si vieille que cela, des années trente mais pleine de ces images qui ont traversé sans bouger les décennies Larousse.
Depuis que j'ai des velléités d'artiste, je me roule sans précaution dans les ouvrages illustrés de gravures sur bois comme a su en produire le siècle d'avant, je veux dire le dix-neuvième !
Ces ouvrages sont pleins de vignettes parfois techniques, parfois mécaniques ou encore illustrant la faune et la flore.
Je me suis dit qu'entre deux pierres lithographiques je pourrais bien vous montrer cela. Je commence avec un livre que je viens à l'instant de me procurer :
Le Monde de la Mer par Alfred Frédol illustré de 21 planches sur acier tirées en couleurs et de 200 (oui) vignettes sur bois dessinées par P. Lackerbauer. L'édition est chez Hachette en 1865.
Vous dire tout de suite, malgré l'état un peu d'usage de la reliure c'est une merveille !
Les vignettes en noir des animaux marins offrent à mon regard des perspectives d'inventions incroyables. Ce qui est remarquable, et que les surréalistes ont su saisir (et Odilon Redon mon cher Odilon), c'est évidemment que sous la nécessité de réalisme se glisse la sensation d'étrangeté. Impossible si on ne connaît pas l'animal, le corail ou l'algue en question d'y voir autre chose qu'une création quasi abstraite et formellement imaginée.
Vous ajoutez à cela une qualité de dessin et de gravure inouïe et vous obtenez des œuvres toujours aussi vivantes aujourd'hui.
C'est mystérieux. C'est beau.
Les planches en couleurs sont, comment dire... invraisemblables.
Voyez par vous même. Parfois je glisse mon doigt sale pour vous donner l'échelle. Mesdames, messieurs le spectacle va commencer ! En bande-son : the history of Sparks.















jeudi 23 juillet 2009

épanouissement



Voilà.
Petit rituel : vous, devant les dessins essayant de deviner les mots.
Exactement ce que je fais à l'envers : moi, devant les mots essayant de deviner leur dessin.
Heureux de certaines trouvailles et moins heureux d'autres.
C'est le jeu.
Il ne faudra pas oublier de préparer de la gomme arabique.
Le fragment de vigne est ici un outil de dessin.



mardi 21 juillet 2009

lavis et les plumes

Non, vraiment rien de spécial aujourd'hui.
J'avance doucement mais c'est aussi parce que je fais plus de dessins à la plume.
J'ai aussi tenté des lavis, ça c'est toujours un peu risqué.
Je vous laisse regarder.


lundi 13 juillet 2009

la patience sur le corps


C'est équipé du très beau et très moulant tee-shirt péruvien ramené par Adeline et Guillaume que, ce matin, j'ai commencé mon dessin sur ma pierre tout juste grainée.
Je vais avoir à gérer une étymologie sur plusieurs pages car de nombreux mots se suivent avec la même racine.
Je ne vous en dirai pas plus.
Je vous dirai seulement que j'ai trouvé dans le sous-sol une demi-prise électrique qui fait très bien mon affaire et me propose des empreintes toujours identiques et toujours différentes. Alors j'avance avec ça.
Et protégé par le Dieu de la patience, représenté sur mon vêtement, je ne peux que me remettre au travail.
C'est un peu serré la patience, surtout sous les bras...

vendredi 10 juillet 2009

des outils et des traces

J'ai usé du sable entre deux pierres aujourd'hui.
D'abord j'ai enlevé l'encre de tirage de la précédente lithographie avec ça :



La pierre est de biais suite à ses utilisations et malgré de fréquents retournements. Voyez-vous dans son ombre l'image qui persiste sous l'eau ? C'est le gras qui retenait l'encre. Il faudra que cela disparaisse pour dessiner à nouveau.



Un balai contre un mur blanc et des vieux draps qui servent d'habitude de jointure au bas de la porte du garage pour retenir le froid et l'eau. C'est beau.



Et puis une fois le grainage terminé, le séchage de la pierre fait remonter l'enfance, du moins l'image dessinée de celle-ci. Étonnante persistance de cette inscription dans une pierre pourtant grainée deux fois depuis !



Et puis quand le jaune s'invite dans un parfait accord entre chaussures et vêtement, il faut brasser l'air pour le séchage !
Enfin je crois que l'opération est réussie et que je vais pouvoir dessiner à nouveau.
Vous n'en avez pas marre vous de cette suite d'interventions toujours les mêmes ? grainage, dessin, préparation, tirage, grainage, dessin...
Moi oui.

mercredi 8 juillet 2009

Morandi avec vous

Je ne croyais que cela fusse à ce point possible.
Me voir vous voir me voir jubiler des lignes croisées des gravures de Morandi.
Nous y sommes allés grâce à Patrick parce que ce musée de Bologne avait vu le rapprochement possible entre les photographies des Becher et les vues du peintre, bouteilles sur bord de table monumentales constructions urbaines ou calme abandon bien rangé.
Nous y avons vu le génie qu'il peut y avoir à suivre avec application la manière de produire des valeurs donc de la couleur.
Je me souviens de cette même leçon par Jacques Ramondot. Les plus belles gravures en noir sont celles qui donnent l'illusion de noirs colorés. Oui, toujours tenter cela.
J'ai bien pensé à lui là-bas. Jacques Ramondot aimait Venise du vivant de Morandi. Je n'ai pas su aimer Venise du vivant de Jacques Ramondot alors je comble en aimant voir Morandi avec vous.
Il faut être certain que le graveur parisien connaissait bien le travail du peintre italien. Comme il a dû regarder cela avec attention, prenant note des croisements des morsures, de l'absence d'aquatinte pourtant technique de peintre.
Il faudra creuser cela aussi. Pourquoi avoir échappé à la tentation du lavis ? Morandi se placerait-il volontiers du côté de la ligne celle de Rembrandt ? Modelage plus radical et cernes purs sans zonage. Ce qui est certain c'est que l'italien a su maîtriser les fautes possibles des paquets de lignes : incroyable vision. Et puis la forme se fond.
Morandi parlait-il hollandais et Jacques Ramondot parlait-il italien ? Oui, je crois.

Wohnhaus in Salchendorf, Siegerland, 1961 par les Becher :
frontalité du motif, planéité totale du volume rendu dans l'épaisseur de son dessin, application parfaite du système constructif et choix par les photographes de ce type. Les lignes dans les colombages ne sont pas des hachures mais se maintiennent aux intersections suivant la nécessité de la solidité.
Sous le léger débord du toit les bardeaux se chevauchent et tremblent entrecoupés par deux lignes horizontales. Ici ça vibre un peu plus. Blancheur du fond, je dis bien le fond pas le ciel. Il n'y en a point le désir malgré l'attente de son absence. Le ciel souvent c'est la météorologie, pas ici. Un fond donc une image, un dessin. Le biais presque emmerdant du premier plan, ligne fuyante tout de même un peu de la barrière heureusement légère d'un grillage (lignes aussi croisées) et de trois frêles poteaux donnant un rythme un rien joyeux. Au fond la vie de village écrasée, l'arbre surgit tout de même, on ne peut l'abattre ni lui ni la maison que peut-être on ira photographier ensuite. Tout est calme, bien rangé.

Natura morta a grandi segni, 1931 par Morandi.
frontalité du motif , planéité désirée des volumes rendue dans l'épaisseur de son dessin. Objets identifiables presque par leur creux pourtant deux inconnus à l'arrière plan, des équilibres ?
les lignes se croisent bien ordonnées par la succession des morsures et les blancs (le papier) est ici la lumière. La table rencontre le fond en oubliant simplement le croisement orthogonal. Simple. Une ligne pourtant vient relier les points. Ce n'est pas le cas du bord de table. On sait d'où vient la lumière, de la droite donc de la gauche pour le graveur. Anticipation ou surprise du jeu de miroir ? Maîtrise sans aucun doute quoique je me souvienne d'une signature de Morandi inversée sur le tirage...
C'est posé comme une des premières photographies, longuement. Tout est calme, bien rangé.