vendredi 23 avril 2010

Tout-venant



De la Galerie Störk, il faut déjà saluer le courage et l'abnégation de ses responsables qui tentent dans cette ville de Rouen un peu endormie de proposer un lieu d'art contemporain.
Ensuite il faut saluer Jean-Paul Berrenger qui y expose actuellement.
Dans cet espace réduit il a su avec intelligence créer une dynamique avec finalement peu de chose, juste le croisement de 4 madriers de bois.
Sur ces barres parallèles, il dispose un quantité incroyable de micro-sculptures, de collages d'objets chacun ayant une poésie et un humour évocateur.
C'est simple.
Croit-on.
Mais le dispositif de création par le rebut est aussi un rébus.
Des petits de rien, des morceaux de jouets, des éléments détachés de leur fonction mais tous pour la plupart fabriqués déjà une fois par l'industrie de la plasturgie ici retrouvent une allure et une narration d'une grande ironie.
C'est mystérieux.
Le jeu vient de ce que chaque parcelle d'objet offre à la fois le souvenir de son origine tout en étant troublée immédiatement par son nouvel aspect incongru ou surréalisant.
Mais Jean-Paul Berrenger sait jouer aussi de ses influences et c'est bien un cirque à la Calder sous les effets de la sculpture moderne qu'il nous propose à une échelle réduite, comme des miniatures d'une exposition d'œuvres modernes où l'on s'amuse à des reconnaissances.
Mais attention, il ne s'agit pas non plus de jouer les maquettistes mais bien de nous troubler face à nos propre références qu'elles soient celles du critique d'art ou du gamin retrouvant là le jouet Kinder perdu.
En tout cas, je ne peux pour ma part m'empêcher d'y projeter mes dessins du dictionnaire, voyant dans certaines de ces sculptures la réalisation concrète de mes dessins où, j'ose, l'envie de voler ici quelques idées...
Je n'oublie pas l'une des pièces simplement la plus émouvante, un peu à part, au sol.
Une paire de chaussure hors d'âge, magnifiques comme celle de Van Gogh, emplies de cire et servant de bougies.
Le vide pris ici par la paraffine est celui des pieds du père de l'artiste. Faire ainsi du plus terrible des vides une lampe d'Aladin la plus fruste et la plus magique qui soit est bouleversant. Oui.

81 rue d'Amiens Rouen
ouverture du jeudi au samedi de 14h à 18h
tél : 06 78 48 14 25 / 06 68 58 70 06










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