dimanche 4 juillet 2010

François Caradec et le modèle




Dans ma bibliothèque, vient d'arriver un superbe ouvrage au format un peu déroutant.
Il s'agit de Vignettes, Ornements, Attributs de Commerce, Culs-de-lampe... chez Ramsay/caractère publié en 1986.
Dans l'extraordinaire préface de François Caradec dont on ne présente plus les qualités pataphysiciennes et hurluberluesques, celui-ci nous fait un historique de ces micro-estampes que sont en effet ces petites vignettes superbes fabriquées par des fondeurs pour les imprimeurs afin d'orner à bas prix des livres populaires et autres imprimés.
Le livre reprend la collection de l'un de ces fondeurs, De Berny, avec la même mise en page que celle du catalogue.


C'est tout simplement pour moi une chance.
Évidemment quand vous aurez vu les images des pages vous aurez saisi comment elles peuvent résonner avec mon travail même si je suis d'une certaine manière (conceptuelle) bien loin du projet.
Toujours je m'étonne de la qualité de ces toutes petites gravures sur bois debout et sur leur forme de sécheresse objective.
Puis comme le signale si bien Monsieur Caradec, les rapprochements d'images font surgir aussi ici le rébus d'une poésie de hasard, qui enchanta bien évidemment les surréalistes et pataphysiciens de tout poil.
Reste le troublant anonymat des dessinateurs et graveurs pour la plupart de ces merveilles, reste l'impossibilité pour moi de les détacher des influences duchampiennes ou conceptuelles et la vue, il y a peu du chef-d'œuvre de Joseph Kosuth One and three chair à Madrid me confirme mon goût pour l'incroyable triangulation entre image, objet et langage.
Ce cercle infini qui tourne d'un des points à l'autre sans jamais pouvoir affirmer où se situe le réel a peut-être oublié que la vraie pose, le lieu de retrait possible de ce tourbillon infernal est le dessin.
Partout sur les planches de De Berny je cherche les chaises esseulées, les porte-bouteilles et les broyeuses à chocolat.



Mais mon œil nourri du goût du graveur regarde aussi la richesse des teintes, la finesse des tailles, la qualité de tenue des lignes serrées.
Et quand l'estampe peut se permettre d'être populaire, répétée, usée par l'impression et les regards et que du haut parfois de ces quelques millimètres seulement de taille elle dit le monde passé, alors il faut reconnaître là un projet, une œuvre qui vaut bien les grands faits historiques de l'histoire de l'estampe.
Merci Monsieur François Caradec.







Certaines images sont conseillées pour un usage externe... pourtant il semble bien que l'usage interne serait disons... plus approprié.







Certaines vignettes sont vraiment minuscules, quelques millimètres !
Mon doigt vous donne l'échelle de ces images souvent truculentes.



Une page est uniquement composée de scènes de genre. Il s'agit de miniatures superbes et en voici un travelling.





Les machines à imprimer et l'univers de l'imprimerie sont très fréquents et représentés. Pourtant aucune machine lithographique...
certainement des concurrents trop sévères des machines typographiques !



Les uniformes et livrées côtoient la poésie du hasard où maison rime avec guérison et où les maladies sont à vendre...


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