lundi 4 avril 2011

Cioran, centenaire, revoir, relire.




Alors que je termine d'écrire les mots sur ma pierre pour pouvoir enfin faire une préparation et un tirage, j'entends à la radio qu'il est temps de fêter le centenaire de la naissance de Cioran.
Me revient à la mémoire, le travail que j'avais effectué alors que j'étais étudiant aux beaux-Arts de Rouen, travail réalisé en quelque sorte sur l'impulsion même du philosophe.
Je faisais (et fais encore) de mes lectures l'occasion de travaux plastiques et lecteur assidu de Cioran, je décidai de le prendre au mot.
Dans Aveux et Anathèmes à la page 112 Cioran écrit :
"Démosthène copia de sa main huit fois Thucydide. C'est comme cela que l'on apprend une langue. Il faudrait avoir le courage de traduire tous les livres que l'on aime."
Prenant le verbe traduire dans son sens le plus large, je décidai de suivre Cioran et je recopiai à la main sur l'ouvrage même son texte.
Cela me demanda quelques heures...
Il s'agissait aussi, d'une certaine manière, de faire trace de la lecture, sorte d'enregistrement plastique me permettant de ne pas douter de celle-ci.
Aujourd'hui le cynisme de Cioran me touche moins et même m'horripile un peu.
Et le à quoi bon d'une existence ne me sert plus.
Au contraire, j'aime croire finalement que l'action est jubilatoire et tout aussi efficace. Je n'ai plus besoin de ce puits sans fond du désespoir.
Depuis je ne lis plus Cioran et je ne le traduis plus non plus.
Mais pourtant, il m'arrive encore parfois, comme un regret, une nostalgie, de penser à la force qu'il m'a donné et finalement ce petit écart sur le côté du Monde offre parfois l'occasion de mieux sauter dedans.

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