lundi 28 novembre 2011

Quant au livre

Claude Lothier vient de publier coup sur coup deux livres d'artiste qui chacun à leur manière rendent bien compte des activités (activisme ?) de l'artiste sur les questions toujours pertinentes de la perspective et du texte.
Si pour la première, la perspective, nous avons tous eu la chance de voir la très belle et très complète exposition "Persistante Perspective" à l'école des beaux-arts du Mans à une période où l'ambition du lieu se conjuguait avec un enthousiasme des enseignants, il apparaît que cet ouvrage Paolo et Constantin tout frais sorti des presses sérigraphiques des éditions le Goût du Nylon donne encore à voir le sillon de l'artiste, sillon remettant en cause la doxa moderniste sur la perspective comme terrain de lutte et surtout de désapprobation.
On le sait depuis Claude Lothier : "La perspective est une découverte et pas une invention."
Voici une bien jolie manière de le voir dans ce rapprochement subtil de deux artistes pourtant si différents Paolo Uccello et Constantin Brancusi.
Dans des aplats pastels le mazzochio de l'un semble flotter à proximité de la colonne sans fin de l'autre d'une manière un rien amoureuse comme si les formes se fichaient pas mal des espaces et du temps qui les séparent. L'ouvrage par une pagination libre propose également deux types de lecture. Soit on s'amuse du collage énigmatique des feuillets soit on observe à pleine page les formes seules. Dans les deux cas, la grande qualité du tirage sérigraphique réalisé par Samuel Mathieu permet une promenade surprenante.










Pour ce qui est de l'autre ouvrage ou collections d'ouvrages, c'est l'écriture, son rangement et sa lecture qui sont le terrain d'un jeu de l'artiste remettant en cause notre perspicacité et qui oblige joyeusement notre œil à une remise en question de sa perception. C'est finalement un travail jouant sur notre culture de la lecture. On retrouve bien là Queneau et si Claude Lothier ne savait dans quel rayon des librairies allaient être vendus ces livres, les professionnels n'ont eu aucune hésitation : Poésie bien sûr !
La mise en espace des mots, leur éloignement, leurs jeux de miroirs ou de regard forment bien une plasticité textuelle celle-là même qui discute avec l'optique tout autant que la poésie. Il ne s'agit pas d'embêter le lecteur d'une lecture impossible ou difficile mais de lui dire que voir, lire sont des actes de pensée toujours à recommencer et à réapprendre simplement parce que dans ce renouveau-là il y a une jubilation.
On regardera aussi ce livre comme un beau livre d'artiste car l'ensemble est aussi une belle composition typographique que l'on doit au sérieux et amuseur éditeur Pierre Mréjen.
Alors dépêchez-vous de faire entrer ces deux ouvrages dans vos rayons de bibliothèque déjà débordants, les deux livres de Claude Lothier sont à petits tirages pour exciter votre convoitise, parce qu'ils sont des œuvres d'art multiples et aussi... parce que c'est un sacré boulot à faire !
















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