samedi 16 avril 2016

Du mini au maxi, des objets pour imprimer, une presse à sauver.

Nous allons nous amuser à vivre en réduction puis nous irons soutenir une action au maximum.

Je possède depuis des années maintenant une petite presse lithographique, copie conforme d'une presse à bras, réduite au quart. Achetée sur un vide-grenier à Elbeuf, je me souviens très bien de ma surprise à trouver cet objet, de le reconnaître tout en étant étonné, incrédule, face à sa taille et à son existence. Posée sur une table de camping, elle semblait m'attendre...



L'objet possède toutes les qualités d'une grande et nous nous étions même amusés, Emmanuel André et moi-même, aux Beaux-Arts de Rouen à faire quelques tirages, non pas sur une minuscule pierre lithographique mais sur un petit morceau de plaque offset. Cela fonctionnait vaille que vaille, l'expérience étant surtout dans la joie de refaire des gestes connus avec un objet bien loin de son échelle habituelle. Il y a toujours dans les objets en réduction, une fascination curieuse qui lorsque, en plus, la fonction est maintenue, tient presque du miracle.



Je ne sais rien de cette petite presse lithographique sauf que j'avais à l'époque retrouvé dans le magazine les Nouvelles de l'Estampe une annonce publicitaire pour les commander. Je n'ai malheureusement pas gardé ce document... Si vous avez des infos...
Et voilà que la semaine dernière, grâce à mon frère Christophe, grand arpenteur de vide-greniers et de dépôts-ventes parfois improbables, je tombe sur cette maquette, copie, (comment nommer ça ?) d'une presse à percussion bien dans le genre de celle de Gutenberg et une fois encore à Elbeuf !



La qualité du bois et des finitions, le fait que là aussi, on puisse vraiment manipuler les parties mobiles, tout cela confère à cet objet en miniature à nouveau une sorte de magie joyeuse qui me rappelle aussi les très beaux objets et chefs-d'œuvre des Compagnons du Devoir même si, ici, ce n'est pas le cas je le crois.



Qui donc, donna une part de sa vie pour reconstituer avec finesse cet objet ? Quel lien avait-il avec cette pratique de l'imprimerie pour que ce désir de réduction le pousse à le concevoir et pour quel usage ? Je ne sais pas...
J'ai aussi dans mes placards, dormant aussi depuis des années, un très beau jouet :



Il s'agit d'une presse rotative d'imprimerie Novaprim dont l'incroyable qualité lui a permis d'obtenir l'Oscar du Jouet en 1970 ! Quelle chance pour un jeune adolescent de pouvoir jouer avec ce type de mini-presse ! Cette rotative offre deux options : imprimer feuille à feuille ou en continu par le rouleau. On peut composer du texte ou passer des tampons déjà gravés d'un dessin qui n'a pas de dessinateur ! Je trouve à l'intérieur un bon à tirer réalisé par son ancien propriétaire ! Malheureusement le caoutchouc du rouleau encreur est maintenant trop cuit pour permettre une remise en route de ce beau, très beau jouet.













Quel enfant pouvait alors avoir le rêve de devenir imprimeur ? Quel enfant pouvait avoir ce désir de multiplier, de diffuser, d'inventer des images multiples ? Et quels parents pouvaient voir là, dans ce jouet, l'occasion d'offrir à un enfant une image joyeuse d'un métier ?
J'ai aussi beaucoup de chance :







Je possède ce très beau tampon géant réalisé par Fabien Yvon, artiste, graveur, lithographe qu'il fabriqua pour son diplôme. Tourné dans un bloc massif par l'artiste lui-même, ce tampon hors d'échelle n'a pas vraiment vertu à imprimer des images car il a la chance sur son plat d'avoir un paysage de bois qui suffit bien à notre bonheur.





Objet fétiche, objet de transition entre sculpture et gravure, objet aussi qui affiche le goût d'un geste appris et d'un désir de maîtrise, il est bien dans le domaine de l'Art puisque son statut reste suspendu à notre imaginaire. On aimera comment Fabien Yvon en a soigné les détails et cette très belle pièce est aussi, je l'avoue,une sorte de pièce de passage entre l'artiste et votre serviteur. Comme un cadeau somptueux dont je ne permettrai jamais à personne d'autre que moi de devenir le propriétaire. Jalousez-moi, c'est tout ce que vous aurez !





Je reçois depuis peu des appels d'aide et des demandes pour diffuser un désir de restauration et de sauvetage d'une très très grosse presse Marinoni. Il va de soi que cette aventure mêlant Patrimoine et image imprimée en lithographie ne peut que résonner positivement ici !
Alors, je donne les liens pour que vous puissiez à votre tour soutenir cette action et mieux connaître ses objectifs. Il s'agit de sauvegarder à la fois une machine qui fut historique, devenue rare aujourd'hui, mais aussi des gestes et des pratiques artistiques qui y sont associés. Car, une presse lithographique posée dans un musée sur un socle ne sert à rien. Il faut les voir marcher, animer par ces serviteurs pour saisir à la fois la tranquillité du tirage, la douceur presque de la mécanique, et l'attente des artistes et des imprimeurs au cul de la machine pour comprendre combien cela est beau, puissant, jouissif de voir de tels monstres au travail. Un peu comme de belles locomotives à vapeur entraînant tranquillement un train de voyageurs.
Merci donc à tous de faire ce que vous pouvez pour aider Laurent Nicolaï et ses amis.
Un jour, grâce à leur énergie et à la vôtre, nous irons écouter le doux bruit de la presse et les cris de joie des artistes voyant leurs images tomber dans les mains du receveur.
Allez ici :
http://www.laurentnicolai.com/6026-cm2/
On notera la belle qualité didactique du site.
Pour la souscription, c'est ici :
http://www.kisskissbankbank.com/6026-cm-sauvegarde-d-une-exceptionnelle-presse-lithographique?ref=recent



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